:: Légendes Irlandaises ::

Ce sont les légendes que l'on m'a raconté quand j'étais petite, des légendes de mon pays, toujours aussi beau et mystérieux. Voici la première:





Il était une fois, un roi nommé Lir qui avait quatre enfants: Fionnuala (son unique fille, belle comme un joyau), Aodh, Fiachra et Connor. Leur mère était une femme très affectueuse et ne se lassait pas de leur conter mille histoire, le soir, pour les endormir. Mais elle mourrut, la légende en tait la raison. Les enfants étaient malhaureux, et pensait à elle chaque jour, au son de sa voix quand elle chantait, à sa chaleur quand elle les berçait.



Le roi, sensible au chagrin de ses enfants, décida de leur offrir une nouvelle mère. Il prit en secondes noces Aoife, une femme aussi belle que mauvaise. Mais le roi ne s'en rendit compte que plus tard.

Aoife devint rapidement très jalouse des quatre enfants entourés de l'affection paternelle. Elle ourdit unstratagème pour se débarasser d'eux rapidement et définitivement. Les tuer était trop risqué. Alors elle alla consulté un druide et ensemble ils concoctèrent le pire des sortilèges.

Au milieu de parc du châteu, il y avait un lac magnifique où les enfant adoraient jouer. Un jour qu'ils jouaient sur une barque, ils virent arriver Aoife. Alors qu'ils étaient sur le point de la saluer, elle sortit brusquement de sa manche une baguette magique qu'elle agita au dessus de leur tête. Dans un éclair blanc, les enfants disparurent.



Sur le lac, étaient posés quatre magnifiques cygnes. L'un d'eux s'avança, et la voix effrayée et tremblante de Fionnuala sortit de son bec.
"Qu'as-tu fais?
- Je vous ai ensorcelés, répondit calmement Aoife. Vous êtes condamnés à errer trois cents ans sur ce lac, trois cents ans sur la mer de Moyle et enfin tois cents ans sur l'île de Glora. Seul le son de la cloche d'une église pourra vous libérer.

Lorsque le roi apprit la nouvelle, il bannit Aoife du royaume après l'avoir supplié de lui rendre ses enfants, ce qu'elle refusa tout net.
Il passa le reste de sa vie au bord du lac en compagnie de ses enfants au plumage blanc. Mais il finit par mourrir, rompu par la veillesse et la tristesse. Les cygnes, le coeur brisé, continuèrent à errer sur le lac.



Au bout des trois cents ans, ils prirent leur envol vers la mer de Moyle qui sépare l'Irlande de l'Ecosse. Puis ils s'envolèrent vers l'île de Glora. Ils étaient alors épuisés et vieux. La nourriture avait beaucoup manqué sur la mer et les vents violents les avaient jetés contre les récifs.



Mais un jour, ils l'entendirent enfin. Ce son qu'ils attendaient depuis tout ce temps résonna dans l'île. Ils s'approchèrent du chant de la cloche jusqu'à appercevoir une petite église. Un vieil homme était devant la porte. Il se nommait Caomhog. Surprit d'entendre des cygnes lui parler, il écouta cependant leur triste histoire, et trouva ce qui pourrait les libérer. Il entra dans l'église et revint avec de l'eau bénite dont il aspergea les cygnes. Le vieil homme vit alors apparaître une femme très vieille et trois hommes très vieux.



Fionnuala, l'aînée, prit ses frères dans ses bras comme leur mère faisait autrefois. Alors blottis les uns contre les autres, ils fermèrent les yeux et mourrurent, enfin.

Caomhog les enterra dans un même tombe, pour qu'ils ne soient jamais séparés. Cette nuit-là, il rêva de quatre cygnes qui s'envolaient vers les cieux, et il sut qu'ils étaient enfin en paix.

Cette histoire est un équivalent irlandais de Roméo et Juliette, ou Tristan et Iseult.







Par une belle nuit étoilée, on entendit résonner en Ulster les cris du plus beau nouveau-né qu'il eut été donné de voir. Feidhlim, fou de joie que sa femme lui est donné une si belle fille, s'empressa de conduire le bébé aux druides, afin que ceux-ci prédisent sont avenir.

"Voici ma fille Deirdre. Dans votre infinie sagesse, dites-moi ce que deviendra ma fille."

C'est ce que firent les druides. Mais le sourire de Feidhlim se figea quand les sages lui firent part de leur prédiction.

"Tu as un très beau bébé, qui grandira pour devenir la plus belle femme du royaume d'Ulster. Malheureusement, elle causera la mort de beaucoup de nos hommes."

Le coeur lourd, Feidhlim alla voir le roi pour lui annoncer ce qu'il lui avait été dit. Les autres Chevaliers de la Branche Rouge d'Ulster s'inquiétèrent pour leur vie. Aussi, le roi prit une décision:

"Deirdre sera emmenée en forêt, où une vieille femme de ma connaissance qui veillera à son éducation. Elle devra rester loin des hommes jusqu'au jour où j'irai moi-même la chercher pour l'épouser."

Ainsi fut fait. Deirdre fut confiée à Leabharcham. Dès qu'elle posales yeux sur le bébé, elle se sentit remplie d'amour pour cette petite fille.

Deirdre grandit donc sous la surveillance de sa gouvernante. Elle devenait chaque jour plus belle, ses cheveux blonds aux éclats d'or seyant son teint pâle et ses yeux d'émeraudes. Sa gouvernante lui passait tous ces caprices, car elle ne supportait pas de voir des larmes sur ce si joli visage. La petite était heureuse et ne soupçonnait nullement son funeste destin.

Un matin, Deirdre s'éveilla les yeux brillants d'émotion. Elle se leva et alla poser sa tête sur les genoux de la vieille femme qui faisait tourner son rouet.

"Leabharcham, j'ai fait un rêve. J'ai vu un homme, fier et beau. Ses cheveux étaient étaient comme les ailes d'un corbeau et sa bravoure n'avait d'égale sur le champ de bataille."




-Je connais cette personne. Il se nomme Naoise, fils d'Uisneach, l'un des meilleurs Chevaliers de la Branche Rouge. Mais tu ne dois plus y penser car bientôt, tu épouseras le roi Connor."

Mais Deirdre supplia, jour après jour, de l'emmener voir l'homme de ses rêves. A chaque refus, elle devenait plus terne et plus triste. Chaque nuit, elle revoyait Naoise et ne pouvait qu'admirer sa beaté et son courage. Alors, ne supportant plus de la voir ainsi, Leabharcham céda. Elle l'accompagna jusqu'à Naoise, et dès l'instant où ils se virent, les deux jeunes gens s'aimèrent. Ils décidèrent de s'enfuir avec les deux frères de Naoise, Ainle et Ardan.




Ils allèrent demander asile à plusieurs personnes, mais tous refusèrent, craignant les foudres de Connor. Ayant fait le tour de l'Irlande sans succès, ils partirent pour l'Ecosse où ils s'installèrent pendant quelques temps. Jusqu'à ce qu'ils reçoivent un message du roi Connor, leur disant qu'ils étaient pardonner et leur demandant de rentrer en Ulster pour recevoir la bénédiction du roi. Deirdre se méfia tout de suite, et supplia son amant de ne pas rentrer. Mais les trois frères, trop heureux de la nouvelle, se mirent en route sur-le-champ. Deirdre les suivit, continuant de les exorter à la prudence.




Lorsqu'il accostèrent, ils furent guidés jusqu'à la maison de la Branche Rouge. Deirdre fut plus que jamais certaine d'un piège. Ils auraient dû aller au château de Connor pour se faire grâcier. Et elle avait raison.
Ils furent tous trois conduis devant Connor, qui était entouré de tous ses Chevaliers. Il demanda qui parmi eux couperait la tête des trois traîtres. Mais aucun Chevalier ne pouvait tuer un autre Chevalier, même un fêlon. Lors, un guerrier inconnu s'avança, et d'un seul coup d'épée, il trancha la gorge des trois frères. Deirdre hurla et s'effondra morte sur le corps de son amant, le coeur brisé par la douleur.




Feidhlim, le père de Deirdre, fut prit d'une colère folle, et quitta l'Ulster et s'en alla vivre au Connacht. De nombreux Chevaliers partirent avec lui et incorporèrent l'armée de la reine Maeve. Des années plus tard, les deux armées s'affrontèrent dans des guerres sanglantes. C'est ainsi que la malédiction de Deidre des Douleurs s'accomplit.