Arrivée dans la cité marchande

Balafenn était épuisée quand elle arriva dans la cité, au petit matin. Il n'y avait encore que très peu de monde dans les rues. Les prémices de l'aurore apparaissaient à l'Est, il était encore très tôt. La petite fée chercha de suite un arbre non loin de la forêt pour se poser. Son dévolu alla à un grand chêne au fond d'un jardin. Elle cueilli des petites feuilles encore neuves et jeunes et récolta des plumes au pied de l'arbre. Elle ramassa de la terre humide de rosée et se confectionna un nid douillet et chaud entre deux branches, à la cime du chêne. Elle s'assit à côté, le temps qu'il sèche, entoura ses miniuscules jambes de ses minuscule bras, et posa la tête sur les genous, à bout de force.

*Je me demande quel genre de personnes ils sont, pour se lancer dans une quête si périlleuse. Quelles sont leur raison personnelle?*

Bala se doutait en effet que personne ne se lance dans ce genre de grande mission sans une raison tout à fait personnelle. Après ses voyages, elle avait appris que même les meilleures personnes du monde ne mette pas leur vie en jeu simplement pour le bien-être de tout un monde. Surtout avec les dissentions existantes entre les races. Elle, Balafenn, voulait se battre pour la sauvegarde de son peuple, mais c'était parce qu'une fée seule n'est rien. Comme les fourmis ou les abeilles, une fée vivait en communauté. C'est pourquoi Bala se devait de chercher des compagnons pour continuer sa route. Seule, jamais elle ne s'en sortirai.

Elle gigota sur sa branche. Le mauvais côté à vivre dans les arbres, c'est que le bois n'était jamais très confortable. Elle testa son nid du bout du doigt. Une feuille se détacha et tomba lentement, slalomant entre les braches jusqu'à se poser délicatement sur l'herbe. Balafenn soupira. Elle avait tellement sommeil. Elle voulait se reposer avant l'arrivée des aventuriers. En parcourant les branches du chênes du regard, elle tomba alors sur un nid vide. Déployant ses ailes de papillon qui s'étaient ternies par la fatigue, elle s'envola et s'approcha. Il datait de l'année précédente. Il avait été si bien construit que les frasques de l'hiver ne l'avait pas détruit. Aucun oiseau ne l'occuperait plus. Elle anima alors la feille fraiche qui était tombé et la posta pour surveiller la route à sa place. Elle la réveillerait à la première créature terrestre sortant de la forêt. Le sourire jusqu'aux oreilles, elle se roula alors en boule dans le confort et la chaleur, ferma les yeux et s'endormit.

Balafenn se réveilla quand la feuille lui secoua l'épaule avec insistance.

"Dégage, je dors" ronchonna-t-elle. Comment cela se faisait-il qu'une feuille vienne la réveiller en haut de son tilleul? Habituellement, on envoyait une jeune fée... Ah, peut-être était-ce les Anciennes, encore... mais elle n'avait rien fait, cette fois... du moins, rien de répréhensible pour une fée... et puis il faisait drôlement frais pour la saison...

Elle se décida à ouvrir les yeux et regarda autour d'elle. Une forêt... une ville... une feuille avec une missive sur une branche de chêne... Un nid... ah, ouais, c'est vrai. Elle n'était pas chez elle. Elle était... A LA RECHERCHE DE COMPAGNON POUR SAUVER LE PEUPLE FEERIQUE!!! Elle se leva d'un bond, et secoua ses ailes pour les débarasser de leur humidité. Les motifs tourbillonaient sans cesse, boostés par le réveil en sursaut et les réflexions peu jouasses de la fée.

Bala se tourna vers sa feuille. Celle-ci flottait au-dessus d'un morceau de papier roulé. Elle l'attrapa et alla le poser sur une dalle au milieu du jardin. La personne qui lui avait envoyé ce message n'était pas très maline: elle était aux dimensions humaines... Elle galéra pour ouvrir la lettre qui se réenroulait tout le temps. Quand elle réussit enfin à bloquer les coins avec des cailloux grâce au secours de sa feuille, elle reprit son envol afin de pouvoir lire les immenses caractères inscrits dessus. Quand elle finit de déchiffrer l'écriture alambiquée, plusieurs sentiments se battaient en elle : ainsi, c'était bien tout Faelys qui se détraquait. La disparition du mana n'était qu'un effet secondaire du problème des légendaires Cristaux.
Et cette personne qui lui avait envoyé cette lettre lui avait aussi trouvé un compagnon de route? Grandiose!! Ils attendraient tous les deux les aventuriers de la forêt, et se joindraient à eux pour comprendre le problème de ce monde.
Mais le dernier sentiment qui était en Bala était... *HEIIIIN??* pour parler vulgairement. Des crêpes au sucre... fils... rime... mais QUI avait bien pu écrire comme ça? Cela lui rappelait un livre qu'elle avait lu où un grand gars au cheveux blanc était très imbu de lui-même et tuait tous les mecs pour avoir le premier rôle masculin de l'histoire... une histoire très étrange, dans l'ensemble... (spéciale dédicace à Bigubaddi, ne Yun-Yuuuun! )

Bon, bref. Alors, la place centrale donc. Ce soir, à la nuit tombante. Elle consulta le soleil. L'après-midi étaitarrivée pendant son sommeil. Cependant, le coucher du soleil n'arriverait pas avant quelques heures. Elle regarda la ville. Peut-être une petite visite serait-elle agréable.

"Bon, tu continues ta surveillance d'ici" dit-elle à la feuille. "Tu viens me prévenir dès que tu les vois sortir de la forêt. Ah, et garde-moi ça aussi, je vais avoir du mal à me balader avec ça"
Elle désignait la missive. Quand la feuille se fut postée en haut du chêne, la missive posée sur la plus haute branche, Bala partie gaiement vers la ville.

Les rues étaient noires de monde. Cette cité marchande semblait très connue. Il y avait des créatures en tout genre. Des bagarres éclatait assez souvent dans les recoins. Bala se demanda une fois de plus pourquoi les être différents étaient à ce point incapable de savoir-vivre et de respect. Chez les fées, on enseignait que toute créature était issu de la terre, donc égale à ses concitoyens. C'était pas compliqué, pourtant : peace and love.

La fée était plongée dans ses réflexions mi-hippies mi-religieuse quand la colère balaya tout en un instant. Là, près de la fontaine, deux gamins s'amusaient à effeuiller un petit buisson en comptant elle ne savait trop quoi en chanson. Rapide comme une fée, ell fut à côté des mômes en une seconde et se mit à leur hurler dessus comme du poisson pourri. Si petites soient-elles, les fées avaient de bonnes cordes vocales quand l'envie leur prenait de s'en servir. Effrayés, les gamins s'enfuirent en braillant tout ce qu'ils savaient. Bala, les foudroyant du regard dans le dos, attrapa son bâton callé entre ses ailes et s'installa par terre, près du buisson. Elle porta son instrument à ses lèvres, ferma les yeux et se laissa envelopper par le rythme ambiant : le bruit de la fontaine, le brouhaha de la ville, les sons plus aigus issus de la nature... Puis elle souffla dans le bâton tordu et émit une musique suivant le même rythme. Une prière pour que le buisson soigne ses blessures, pour qu'il continue à faire pousser ses feuilles et ses fruits et pour qu'il pardonne la bêtises de deux enfants d'humain qui, c'est bien connu, n'ont jamais été très fute-futes.

Le soir était sur le point de tombé et Mat n'avait toujours pas mi la main sur les compagnons qu'on lui avait promis. De plus en plus persuadé que la missive n'était en fait qu'un canular grossier, le jeune homme avait cessé de guetter l'arrivé d'éventuels aventuriers et se concentrait sur les trois jolies petites demoiselles assises un peu plus loin en face de lui. Depuis qu'elles s'étaient installées, les trois jeunes femmes n'avaient cessé de chuchoter entre elles, parfois en désignant Mat d'un discret signe de la tête ou de la main. De temps en temps, un des petits gloussements amusés émanant du groupe rappelait au jeune homme à quel point les aventuriers étaient populaires auprès des femmes dans ce genre de ville.

Alors qu'il s'apprêtait à aborder les trois ravissantes créatures, le voleur entendit un cri perçant digne des plus terrifiantes banshee. Se retournant en direction du capharnaüm, Mat aperçu une minuscule créature agresser deux innocents bambins qui jouaient tranquillement au coté d'un arbuste. Plissant les yeux, le jeune homme distingua des contours vaguement humains porté par une petite paire d'aille.

Au cours de ses voyages, Mat avait souvent entendu parler des fées. De minuscules créatures magiques vivant sur une île lointaine et capable de grands prodiges. On racontait aussi que ces monstres étaient responsables des mauvaises récoltes, de la grêle et des épidémies. On murmurait aussi qu'elles mangeaient les enfants !
Bien sur, on racontait aussi, et assez souvent, que les fées étaient bonnes et protectrice, mais, aiguille par sa peur de toute chose magique, Mat avait plutôt tendance à croire que les fées étaient des monstres sanguinaires et malfaisants.

Ainsi, lorsque la créature commença à jouer de sa flutte, Mat se décida à intervenir. Les enfants étaient partis se réfugier dans les jupes de leur mère et les trois petites donzelles observaient la fée d'un regard mi-amusé, mi-terrifié.

Se levant, l'épéiste dégaina sa rapière, bien plus précise dans ce genre de cas que sa lance, et s'approcha du monstre de 20 cm, l'air résolu. Les filles l'observaient d'un air admiratif et un petit clin d'œil de la part de Mat les fit toutes rougir jusqu'a la racine.

Intérieurement, Mat n'en menait pas large. Il ignorait tous des pouvoirs des fées et s'imaginait le pire. Allait il finir pendu à un arbre comme la dernière fois? Allait elle le foudroyer d'un geste? Le regard des filles en second plant avait beau le poussé de l'avant, le voleur n'avait pas trop envie de finir ses jours transformé en crapaud! Décidant de jouer la prudence, Mat piqua légèrement la fée du bout de son épée afin de la faire sortir de sa transe et, dominant son adversaire de toute sa taille, lui darda un regard méchant.

-Pchht! File d'ici! Je ne te laisserai pas manger ces enfants, monstre!

Se rendant compte de l'absurdité de ce qu'il venait de dire, comme une fée de quelques centimètres pouvait elle dévorer un enfant de dix fois sa taille? Mat tenta de rattraper le tir en baragouinant autre chose:

-Heu... je veux dire... Je ne vous laisserais pas faire du mal à ces pauvres enfants! En garde.

Conscient du fait qu'il était absolument ridicule, Matrim fut soulager de se rendre compte que la nuit était sur le point de tomber et que la place était presque déserte. Remarquant qu'il tenait toujours la missive, Mat la rangea précipitamment dans sa poche sans prendre le temps de la plier. On s'était foutu de lui et il allait maintenant se défouler sur cette petite fée.

"AAAAAh ?!?? Qu'est-ce que tu racontes ? Où ça une fée ???"

"Là, ici ! Chef !!"

Les quelques personnes qui s'étaient rassemblées à la vue du "spectacle" furent bousculées par trois individus à la corpulence disparate. Celui qui répondit au nom de "Chef" était un homme très grand, assez barraque, secondé par deux hommes, de taille moyenne, moins imposants mais tout aussi dangereux puisqu'armés. Il s'agissait vraisemblablement d'un trio de mercenaires, comme on pouvait en croiser quelquefois.

Le grand homme marcha devant, d'une démarche assurée, suivi de près par ses deux comparses. Ils s'arrêtèrent à quelques mètres de Balafenn.

"Incroyable... alors la rumeur était donc vraie." lâcha le grand "Chef".

"Oui Chef... les Fées sont sorties de leur trou ! On va pouvoir se faire un max de tunes !!" renchérit le lèche-bottes de droite.

"De toute ma carrière je n'en avais jamais croisé... c'est un signe, Chef !!" poursuivit l'autre à gauche.

En effet, il n'était pas commun de tomber sur une Fée lorsqu'on était aventurier, et encore moins chasseur de primes... certaines légendes affirmaient même que les Fées n'apparaissaient qu'aux yeux des petits enfants, ou devant des personnes au coeur pur... légendes venant d'être remarquablement démenties en tout bien tout honneur.

"Ok les gars, on va y aller mollo... surtout n'abîmez pas ses ailes, elle vaudra moins cher sinon..."

Devant une petite foule ravie du "spectacle" qui s'offrait gratuitement à elle, les trois hommes s'apprêtèrent à encercler la Fée. Ils se mirent en position et sortirent également des filets de chasse de leurs poches, prêts à les balancer au moindre faux pas de leur "proie".

"Pousse-toi, gamin." lâcha le "Chef" à Matrim qui se trouvait sur son chemin, en le bousculant.

Tout à ses préoccupations, Mat ne remarqua la présence des trois mercenaires qu'au moment où leur chef l'écarta de sa proie. Apparemment, ils avaient l'intention de s'emparer de la petite créature dans un but lucratif... Et pourquoi pas? Le voleur connaissait un alchimiste qui le payerait à prix d'or si on lui rapportait un sac de poudre féerique et des ailes de sylphe! De plus, les trois jeunes femmes observaient la scène avec un intérêt croissant et Mat ne pouvait pas les décevoir!

Rengainant donc sa rapière, l'aventurier ôta son chapeau, comme pour s'excuser, mais le lança avec précision sur la pauvre petite fée. Ainsi piégée, elle ne risquait pas de s'enfuir! pensa le voleur naïvement. Puis, profitant de la surprise de ses adversaires, il se saisit de sa lance et la plaça à quelques millimètres du coup de "chef". Dans le même temps, Mat avait activé instinctivement son bouclier qui le protégeait de toute attaque magique. Les yeux brillant de résolution, le voleur pris la parole d'un ton menaçant.

-Je l'ai vu le premier. Elle est à moi. Dégagez.

La nuit venait de tomber dans la Cité Marchande. Chaque quartier était éclairé par son bloc de maisons environnantes... certains parfois plus que d'autres. Le coucher du soleil n'empêchait guère le monde de sortir, bien au contraire. La Cité était réputée pour posséder des rues aussi bondées de jour que de nuit.

Mais cette nuit là, un cri déchira le ciel, non loin de l'issue Est de la ville.
Ceux qui se sentaient proches de la source se précipitèrent à grandes enjambées, curieux de découvrir les raisons d'un tel désespoir.
Un silence total régna durant le monologue de Balafenn. Nul n'aurait pu s'imaginer qu'un être de la taille d'une branche puisse faire preuve d'autant de dynamisme et d'autorité.

Néanmoins, un filet de chasse tomba nonchalamment au dessus de Balafenn. Le larbin n°1 tira sur la corde qu'il ramena vers lui-même, ce qui eut pour effet de capturer sa cible dans son filet et d'en faire une sorte de poche. Déséquilibrée, la petite Fée se retrouva sur les fesses, piégée dans ce filet.

Le larbin n°2 s'approcha lentement de Matrim, sous le regard complètement ébahi d'une bonne cinquantaine de personnes, attirés par le spectacle.

"Chef, et si on lui réglait son compte à ce gamin ???"

"NAAAH... on va juste lui foutre une bonne raclée pour qu'il s'en souvienne longtemps." répondit le "Chef", sur un ton amusé.

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Rendez-vous de suite au Topic : [BATTLE] Balafenn, Matrim & 3 Mercenaires.

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